À son ouverture en 2026, la première usine de biométhanol du Québec produira du biocarburant à partir de déchets non recyclables, de biomasse résiduelle et d’hydrogène vert.
Recyclage Carbone Varennes (RCV) est perchée sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, au nord-est de Montréal, sur un terrain qui abritait autrefois une usine pétrochimique. Elle représente un investissement de 1,3 milliard de dollars dans la transition de la province vers une énergie plus verte; à terme, elle vise à devenir le premier producteur québécois de méthanol vert grâce à un processus unique mis au point par le fournisseur de technologie Enerkem.
L’installation abritera également le plus grand électrolyseur d’Amérique du Nord, utilisant la technologie Accelera . Le financement du projet est assuré par Shell, Suncor, Proman, Investissement Québec et les gouvernements du Québec et du Canada.
Les biocarburants sont essentiels pour réduire l’empreinte carbone des industries où l’électrification est difficile ou tout simplement impossible. En tant que carburant pour les navires, le biométhanol produit au Québec contribuera à réduire les gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale. Selon le site web de RCV, cette réduction équivaut à retirer près de 30 000 véhicules de la circulation chaque année.
On s’attend à ce que RCV recycle 200 000 tonnes de déchets et de biomasse résiduelle par an et crée ainsi 125 millions de litres de biocarburant. L’avenir de l’usine est prometteur, en partie parce qu’elle repose sur des fondations solides, aux sens littéral et technologique du terme.
Excaver, battre, rabouter
En août 2022, Black & McDonald, entrepreneur général pour l’usine RCV, a choisi une autre entreprise canadienne, Pomerleau, comme sous-traitant pour les fondations profondes du projet.
Pomerleau était responsable de la planification des fondations, de la sélection et de l’approvisionnement des matériaux, du battage des pieux jusqu’au substratum rocheux, du raboutage des pieux, de l’excavation, de la découpe des pieux et du soudage des plaques supérieures. L’expertise de Pomerleau en matière de fondations profondes a été mise à profit dans le cadre de ce projet, qui a été exécuté selon un modèle de force propre. L’entreprise a travaillé sur la fondation de RCV pendant neuf mois, de septembre 2022 à juin 2023.
« RCV est un projet qui correspond parfaitement aux valeurs de Pomerleau, a déclaré Damien Lamblot, directeur de projets, Fondations profondes – Civil et Infrastructures, chez Pomerleau. Il s’agit d’une méthode d’exécution collaborative qui nous permet d’atteindre des niveaux élevées en matière d’objectifs environnementaux, de santé et de sécurité, et de qualité, tout en respectant le budget et l’échéancier du client. »
Mathieu Catonné, gérant de projets principal – Civil et Infrastructures, chez Pomerleau, décrit le poste plus en détail. « Pour les fondations profondes, nous avons commandé 17 500 000 livres d’acier pour obtenir 1800 pieux d’un diamètre de 12 à 30 pouces, la plupart assez longs pour atteindre le substratum rocheux, c’est-à-dire 100 pieds de profondeur, a-t-il déclaré. Le diamètre moyen des pieux d’acier était d’environ 20 pouces. Les pieux nous ont été fournis en deux sections et nous avons dû les assembler. Nous avons battu la première section dans le sol, puis joint l’autre section. »
M. Catonné a ajouté que 3300 sections de pieux ont été jointes par autant que 20 soudeurs sur le terrain aux heures de pointe. Il a ensuite précisé que les pieux à tube ont été enfoncés dans l’argile jusqu’à ce qu’ils atteignent le substratum rocheux, sans trop de problèmes. Entre autres pièces d’équipement, deux engins de battage Liebherr LRH-100, une grue de service de 110 tonnes et trois camions-grues de 60 à 80 tonnes chacun ont été utilisés.
« Nous avons également dû mobiliser une foreuse Liebherr LB 36 pour forer le sol à l’intérieur des pieux à tube de 30 pouces, parce qu’un ceux-ci étaient des éléments en béton armé à l’intérieur du pieu, a déclaré M. Catonné. Nous avons également utilisé un vibrofonceur ICE 50B pour faciliter l’installation des plus gros pieux ».
Pomerleau s’est chargé de la partie excavation du projet, retirant jusqu’à six mètres de terre avant d’entreprendre le battage des pieux. Une fois les pieux en place, l’équipe les a préparés pour le raccordement à l’infrastructure de l’usine. « Nous avons soudé des plaques d’acier à l’extrémité des pieux recépé au bon niveau. Des barres d’armature ont été fixées en saillie sur les plaques. Le produit fini était donc un pieu coiffé de barres d’armature », a conclu M. Catonné.
Pour contrôler les coûts tout en assurant une flexibilité maximale en ce qui concerne les commandes, Pomerleau a choisi un fournisseur local : Tuyaux et matériel de fondation ltée.
« En plus d’être rentable, ce choix nous offrait une grande flexibilité en ce qui a trait à la longueur des pieux, a déclaré M. Catonné. Nous n’étions pas entièrement sûrs de l’épaisseur du substratum rocheux. L’avantage du fournisseur local, c’est qu’il peut s’adapter aux contraintes et faire preuve de souplesse quand il est nécessaire de modifier la séquence des travaux en fonction des conditions du site. Nous avons essayé de stocker autant de pieux que possible sur le site pour nous donner une marge de manœuvre, mais avec trois usines de fabrication, ce fournisseur avait la capacité de livrer la marchandise même en cas de panne dans l’une de ses usines. Le client a été satisfait. »
Précautions environnementales
En raison de l’emplacement de l’usine le long du fleuve Saint-Laurent, l’environnement était naturellement une préoccupation. Alors que Pomerleau utilise déjà de l’huile biologique dans tous ses équipements, M. Catonné affirme qu’ils ont eu recours à des mesures de précaution supplémentaires. Ils ont notamment utilisé des conteneurs qui servaient exclusivement à séparer les déchets et à prévenir les déversements, prévu des visites de contrôle hebdomadaires des spécialistes en l’environnement de Pomerleau et réduit le gaspillage de pieux grâce à la flexibilité du fournisseur local.
Au plus fort du projet de RCV, l’équipe de Pomerleau comptait une soixantaine de personnes, celles-ci travaillaient un seul quart de jour. L’entreprise est très fière de son bilan en matière de sécurité pour ce projet de 60 000 heures de travail au cours duquel aucune blessure entraînant de long retard n’a été signalée.
« La sécurité est primordiale pour Pomerleau, a déclaré M. Catonné. Quand les mesures de sécurité fonctionnent, tout fonctionne. Nous sommes heureux d’annoncer que les quelques incidents observés dans le cadre des travaux de mise en place des fondations n’ont nécessité que des premiers soins ».
L’entreprise a lancé plusieurs initiatives pour assurer la santé et la sécurité de ses employés. Pour protéger ses soudeurs des blessures, plus d’espace de travail que nécessaire a été prévu autour de la base de chaque pieu pour leur permettre de se tenir debout à la bonne hauteur pour fixer les plaques supérieures.
« Notre client, Black & McDonald, ainsi que le propriétaire, RCV, nous ont soutenus dans cette démarche, a-t-il déclaré. Pour assurer le confort des soudeurs à tout moment et en tout temps, nous leur avons fourni des masques Versaflo, qui produisent un flux continu d’air filtré. Ils ont ainsi pu respirer de l’air frais pendant toute la durée du soudage. Ce type d’investissement réduit la possibilité d’incidents sur le lieu de travail et préserve la santé à long terme de nos employés ».
« Pour les fondations profondes, nous avons commandé 17 500 000 livres d’acier pour obtenir 1800 pieux d’un diamètre de 12 à 30 pouces, la plupart assez longs pour atteindre le substratum rocheux, c’est-à-dire 100 pieds de profondeur. »
Mathieu Catonné, Pomerleau
Les équipes de Pomerleau ont travaillé au projet tout au long de l’hiver québécois, ce qui a apporté son lot de défis. « Nous avons traversé un hiver complet. Il n’est pas rare de travailler dans des conditions hivernales au Québec; nous avons dû y faire face et planifier en conséquence, en fournissant de l’équipement adéquat à nos travailleurs », a déclaré M. Catonné.
En ce qui concerne le projet de RCV, il est satisfait du résultat. « C’est un projet très réussi. Chaque chantier présente son lot de défis, mais dans l’ensemble, tout s’est très bien passé. Chez Pomerleau, nous avons 60 ans d’histoire. Ces dernières années, notre service Fondations profondes s’est considérablement développé et notre portefeuille de projets s’enrichit rapidement. Le projet de l’usine de Varennes cadre parfaitement avec les ambitions de Pomerleau. Par ailleurs, les travaux qui nous sont confiés sont de plus en plus complexes, ce qui démontre notre capacité à travailler sur des projets qui présentent des défis toujours plus grands. »